Patron : Caravelle de Feye;

Tissu : viscose Nanou de Feye.

Eh bien… Je vous avouerai que je ne savais pas si j’allais revenir ici. Ces derniers mois ont été assez difficiles, et la vie m’a mis à l’épreuve sur divers aspects. Des leçons pour apprendre. Mais bon, on ne va pas se mentir, parfois les expériences pour découvrir les leçons, elles piquent la tronche! Il est vrai que d’ordinaire la couture est mon refuge, mon exutoire. Mais là ma coupe était trop vide et en même temps trop pleine pour laisser une quelque conque place à la création. Je n’avais aucune envie, plus aucun désir créatif. Ce qui ne m’était pas arrivée depuis… Bah je ne sais même pas! Je me suis dis que c’était ok. Que j’avais le droit de lâcher prise à cet égard et de m’autoriser à être dans un « rien » créatif. C’était d’ailleurs un des rares pans où je me suis octroyée cette mise à distance.

Et puis, un jour de printemps, pendant mon footing, je traverse une fois de plus cette forêt que j’aime temps. Qui me remplie de gratitude dès que je respire cette nature. Je me dis que j’aimerai bien faire un shooting photo ici. Un shooting qui mettrait en lumière cette régénération que m’apporte cette nature. Et ce désir crée des envies de couture, d’une robe longue, fluide, légère et très confortable. J’envoie un vocal à Elisabeth pour lui raconter mon envie de shooting. Après la douche, j’ouvre mes cartons de patron, que je n’avais toujours pas déballé depuis mon emménagement. Ce sont les seuls cartons dont je ne mettais pas préoccupée une fois installée dans ma jolie petite maison. Et rien ne m’appelait. J’avais besoin de coudre une robe simple. Je ne me sentais aucunement capable de coudre un patron avec beaucoup de finition, des techniques complexes. En réalité, j’avais l’impression d’être une débutante et d’être complètement insécurisée dans les apprentissages que j’avais pu acquérir. Et puis alors quand tu vas faire un tour sur Instagram pour trouver l’inspiration, le risque est de te comparer aux autres. L’admiration peut générer une p***** de mésestime de soi. Tout dépend de l’état d’esprit dans lequel on se trouve à l’instant T. Parfois, je suis juste éblouie par des couturières et leur pouvoir créatif, et je me dis que ce sont des bêtes de meuf! Et puis, il y a ses jours où tu te dis que tu es complètement dépassée par cette vague des réseaux sociaux et que toi, la vague, elle t’a fait couler. Et en prime tu as perdu ton maillot de bain tellement c’était violent (vas-y, fais pas genre, on a tous vécu ça au moins une fois dans sa vie de se retrouver cul nu dans la mer ou l’océan). D’ailleurs, le ressenti est le même. La honte. De ne pas être assez bien, assez créatif, assez minutieux, blablabla. Toutes ces conneries qu’on se dit, et alors si tu es en plein SPM (Syndrôme Pré-Menstruel), là ce n’est pas une vague mais un parpaing que tu te manges. Bref! J’ai refermé mes cartons et je me suis dis que je trouverai ce patron de robe, un jour.

Le LENDEMAIN (synchronicité bonjour), Julie, de l’équipe de Feye m’a contacté pour me proposer de coudre leur patron Caravelle. C’est l’évidence. Je regarde leur tissu, et la viscose Nanou me fait de l’œil. Je visualise la robe… Ca ne mettait pas arrivée depuis des mois. Je décide alors d’installer mon atelier, un matin où le soleil ne brûle pas encore (une fois j’ai mis un thermomètre et il faisait 47°C!!). A savoir que maintenant je vis dans une petite maison de 54m2. J’ai pu mettre un petit bureau à côté de mon lit pour y installer ma machine à coudre et ma surjeteuse, mais c’est tout. Bye bye l’atelier de 12 m2. Mais j’ai la chance d’avoir dans mon jardin un petit « entrepôt ». Il n’est pas isolé, la fenêtre est cassée, l’électricité pas aux normes, et tout est amianté. Cependant, ça reste un espace que je pourrais un jour retaper, si je gagne à l’euromillion (en vrai je n’en rêve même pas). En attendant, j’y installe mon espace de couture pour au moins décalquer mes patrons, couper mes pièces et ranger mes tissus et mes patrons (j’espère simplement qu’ils ne vont pas prendre l’humidité, mais ça devrait aller, tout est emballé). Comme d’ordinaire, je bois mon café, j’écoute de la musique, et je prends un réel plaisir à préparer mon patron Caravelle et découper mon tissu. Je suis ravie de ce moment passé. Pourtant, j’ai dû mal à me mettre derrière ma machine à coudre.

Un jour, je me dis qu’il faut que je débloque tout ça, et que je m’impose de coudre. Ce que je fais. J’essaie de me dépatouiller dans ce nouvel espace, ma chambre. Je dois en réalité complètement repenser mon organisation parce que de fait l’espace de travail est différent et bien moins fonctionnel. Je suis moins rapide et je me cogne régulièrement dans mon cadre de lit. Bonjour les bleus aux tibias. Je dois épingler mes pièces de tissu sur ma table à repasser et mon lit est alors ma nouvelle table de travail. Franchement pas ouf. Je m’impose de coudre durant une heure et de ne pas lâcher. Au final, je suis satisfaite de cette heure et je me sens fière. Mais au fond de moi, je ressens que je ne suis pas dans le « juste ». Je range tout ça, et rend à ma chambre sa fonctionne première.

Les semaines passent. L’été aussi. Mon regard croise ces pièces de robe qui ne demandent qu’à être assemblées mais je bloque. Je me dis que je ne vais pas y arriver. J’ai peur de mal faire et de décevoir Julie et Mélanie de Feye. Et puis, vous le savez, plus vous procrastinez, plus la culpabilité s’amplifie. Mais je ne veux pas coudre si ça ne vient pas me rendre heureuse. En plus, l’équipe d’Artesane m’avait envoyé en cadeau un de leur coffret. Pareil, impossible d’y toucher. Je me sens tellement mal, telle une escroc qui n’honore pas ses engagements. Mais je ne peux pas. Impossible. Surtout que les personnes qui me connaissent bien savent… Je suis une personne très active et qui ne reporte jamais les choses à faire. Seulement, j’ai tellement à gérer dans ma tête, dans mon corps, dans mon rôle de mère, de femme, de collègue, que je ne peux pas. Et puis il y a cette grosse tempête, une de plus. Il y avait ces éclaircies qui venaient exploser dans mon ciel noir durant des semaines. Maintenant l’orage gronde. Mais après chaque tempête, le soleil. Mon soleil, ça a été mes vacances. Changer d’air, m’offrir des moments de solitude, de partage, de tendresse, les amis, la montagne, la mer. La nature. Marcher. Parfois avec mon fils, parfois seule, durant des heures. Se ressourcer, me retrouver. Retrouver la paix intérieure. Mes lectures m’ont beaucoup aidé aussi. J’ai avalé des livres tels des médicaments de l’âme. Prendre de la distance, penser, panser.

Un matin, je partage mon café avec ma belle amie Marie, qui m’a ouvert les portes de chez elle pour mes vacances dans le Sud. Je reçois un mail de l’équipe de Cousette. Vous le savez, j’ai l’habitude de travailler avec eux parce que je les adore et surtout, j’aime leur tissu, leur patron et cette entreprise familiale très Girl Power… Elles m’avaient déjà contacté quelques mois plus tôt et je leur avais dit que je n’étais absolument pas disponible pour la couture. Mais ce matin-là, en regardant leur future collection d’automne, je flashe sur une future box. En plus, le patron est assez simple et je me sens capable de le coudre. Je sens même que j’ai envie! J’accepte.

Quelques jours après mon retour dans ma Touraine, j’ouvre mon placard où se trouve les pièces de la robe Caravelle. Parce qu’il est impossible que j’engage un nouveau projet si je n’ai pas fini les précédents. J’installe tout dans ma chambre pour m’offrir un espace le plus fonctionnel possible, autant que faire se peut. Je suis seule chez moi, mon fils est absent. Et là, je kiffe! Je prends plaisir à coudre, créer, prendre mon temps. Je ne m’arrête pas. Et je termine la robe… Je l’enfile et je vais me voir dans une glace. Je ressens alors en moi une fierté et je me sens belle dans ma robe. Incroyable! JE ME SENS BELLE. Je contacte alors Elisabeth pour le shooting photo. Ce fameux shooting pensé il y a 3 mois.

Je préviens Elisabeth que ce shooting signifie plus qu’une simple séance photo pour moi. Je sais que ce sera un instant guérisseur. Une étape de plus dans mon cheminement personnel et l’acceptation de soi. Avec cette prise de poids qui rend mon corps plus féminin et que j’apprends à mon rythme à accepter. Ca peut paraître idiot mais cette robe m’aide à accepter mes nouvelles rondeurs. Je n’ai pas les moyens de me coudre et de m’acheter une nouvelle garde robe. Mais il n’y a rien de pire que des vêtements trop petits pour se sentir engoncée, serrée, et de fait trop grosse. Et dans cette robe Caravelle, où clairement je peux être nue dessous, je sens que mon corps a toute la place pour se déployer, se mouvoir, être. Honorée toute la puissance d’être une femme libre, reliée à ce moment précis à la nature, à ma nature profonde. Je suis extrêmement reconnaissante auprès d’Elisabeth d’avoir su capter tout ça durant le shooting photo. Merci. Infiniment.

Bon, maintenant que je vous ai contextualisé ce retour et les conditions de création, on parle patron et tissu? ^^ Ca va, je ne vous ai pas perdu en route?

Commençons par le tissu. Bah, il est incroyable. Voilà, merci! Bisous!

NOOON! Je sais, je suis drôle, merci de ne pas juger ;-D Cette viscose est réellement incroyable. Elle se froisse très peu, je trouve ça fou pour de la viscose quand même. J’ai porté ma robe trois fois, sans avoir eu besoin de la repasser. Forcement j’imagine qu’après un tour en machine, bien évidement que je devrais la repasser. C’est normal. Et surtout elle n’est pas transparente. Je peux donc réellement être libre d’être nue dessous sans devoir imaginer porter une combinette, ou coudre une doublure. Quant aux motifs et la couleur du tissu… J’ADORE!

Quant au patron Caravelle, il est top. Vous avez vraiment différentes options de coupe et la taille de la robe va du 32 au 52. Pour ma part, j’ai coupé un 38, avec l’option taille marquée et robe longue. Les marges de couture sont incluses dans le patron. Honnêtement, je n’ai rencontré aucune difficulté, malgré la pression que j’ai pu me mettre au début. J’ai suivi le guide montage, et tout roule. Les schémas et les explications sont clairs.

J’avais une petite appréhension que le col me sert le cou et que les emmanchures baillent. Alors, absolument pas! Ni pour l’un, ni pour l’autre. Cette robe ne pouvait pas mieux tomber. J’ai simplement décousu l’élastique de la taille la première fois que je l’ai posé parce qu’il ne me serrait pas assez, ça baillait. A savoir que j’avais coupé l’élastique sans mesurer, juste en le posant autour de ma taille. La seconde fois était la bonne.

Je vais clôturer cet article en vous remerciant, tou(te)s, d’être à mes côtés pour partager ensemble nos instants créatifs. J’ai beaucoup hésité à supprimer mon blog et mon compte Instagram, encore une fois, mais je sens que ce n’est pas encore le moment. Un jour ça arrivera, et ce sera juste. Une nouvelle étape. Ou pas. Peut-être que ça n’arrivera jamais. Qui sait?

En attendant, merci à vous, à Mélanie et à Elisabeth pour ce retour enrobé de douceur et d’amour. Je vous quitte avec les dernières photos du shooting. Il y a des vaches sur le chemin de mon footing et j’avais tellement envie de poser avec elle. Une fois de plus, nous avons bien ri avec Elisabeth… Elle est quand même sacrément chouette de me suivre dans mes idées farfelues. Avec en option, orties, gadoue, ronces, et bouses de vache. Tout cela peut apparaître péjoratif, mais moi j’adore. Même si je ne place pas la bouse de vache dans mon top 10, faut pas abuser ❤

C’est en programmant la publication de l’article ce soir que je vois la date. Nous sommes le 16 août 2023. Aujourd’hui, c’est la Nouvelle Lune en Lion… Non mais j’aurai voulu le faire exprès que je n’y serai pas arrivée! C’est fou. Je viens d’aller voir sur Instagram la signification de cette nouvelle Lune : Conviction, créativité, lumière et force. Bon, sorcière ou pas, le message est clair ❤